Les dispositifs d’Excentrique(s), Travail in situ par Daniel Buren

Dispositif n° 1
L’entrée par la porte principale et habituelle de la nef du Grand Palais est condamnée et remplacée par une nouvelle entrée par la porte Nord.

Dispositif n° 2
La porte Nord est redessinée pour conduire les visiteurs directement dans la nef, dans le sens de sa plus grande longueur, à travers un long corridor de section carrée relativement sombre et seulement éclairé par deux rangées de LED placées au pied et le long des murs de ce corridor. L’entrée de ce corridor se trouve sur le trottoir même, signalée par un grand portique rayé blanc et noir.

Dispositif n° 3

Dispositif n° 3 A
Une billetterie, spécialement dessinée, est implantée à proximité de la station de métro Champs Élysées-Clémenceau. Le dessin reprend les formes du dispositif principal qui se trouve dans la nef, traité de manière différente quant à ses couleurs mais identique quant à ses formes.

Dispositif n° 3 B
Un parcours de flèches, directement peintes sur le sol, conduit les visiteurs jusqu’au portique d’entrée indiqué en n° 2.

Dispositif n° 4
Un agrégat de cercles de cinq tailles différentes (allant approximativement de deux à six mètres cinquante de diamètre chacun), tous reliés ensemble tangentiellement de manière à former une sorte de « tapis » suspendu remplissant au maximum la surface donnée et ainsi toute la grande nef dans les limites imposées par la sécurité, c’est à dire à peu près 8.500 mètres carrés.
Sur ces cercles est tendue une matière plastique colorée totalement transparente et ils sont ensuite fixés sur des pieds (tubes carrés de 9 cm de côté) plus ou moins nombreux pour chaque cercle compte tenu de son diamètre. Ces pieds (au nombre d’environ 1 300) forment visuellement une sorte de forêt, originellement colorée en blanc et noir, mais transformée selon leur orientation par les réflexions de la lumière au travers des cercles colorés qu’ils supportent.
La couleur des plastiques tendus est au nombre de quatre (les seules couleurs existantes pour ces matériaux) : un bleu clair, un jaune d’or, un orangé et un vert tendre. Ces couleurs sont positionnées de telle sorte qu’elles soient, à la fois, disséminées sur toute la surface mais en nombre égal pour chacune d’elles. Nous avons ainsi 95 bleus, 94 jaunes, 94 orangés, 94 verts, soit 377 cercles en tout, la couleur bleue revenant une fois de plus à la fin, comme si le cycle complet pouvait se continuer.
La hauteur des cercles colorés varie entre 250 et 290 cm. Cet espace étant utilisé à la fois pour régler l’ensemble du dispositif et également pour pouvoir nettoyer si nécessaire l’un de ces cercles s’il venait à être sali (excrément de pigeons par exemple).

Dispositif n° 5
Ce remplissage complet de la surface est interrompu de façon abrupte à l’aplomb exact de la coupole centrale. Ce trou en forme de cercle dans cette « forêt » de pieds, ressemble à une clairière au milieu d’un bois. Vide de toit, il mesure approximativement 32 mètres de diamètre, soit près de 900 m2.

Dispositif n° 6
Des cercles en miroir, de diamètres identiques à ceux des cercles colorés, sont disposés à l’intérieur de cette « clairière ». Leur face se trouve à 17 cm du sol et les visiteurs peuvent marcher dessus, s’y asseoir ou s’y allonger. Ils reflètent en même temps, de façon fragmentée, la coupole centrale et donc le dispositif n° 7.

Dispositif n° 7
La coupole centrale est constituée de cercles concentriques qui viennent mourir tangentiellement à l’amorce des piliers en acier qui supportent tout l’ensemble. Cette surface circulaire est recouverte entièrement de filtres bleus formant ainsi un grand damier coloré, jusqu’à plus de 40 mètres au-dessus de la tête des visiteurs.
Bien entendu, dès que le soleil paraît, toutes ces couleurs (celle de la coupole comme celles de chacun des cercles du dispositif n° 4) sont projetées sur le sol, sur les montants en acier, sur les anneaux qui tendent ces filtres et, bien entendu, sur les visiteurs, passant d’une couleur à l’autre. Les couleurs elles-mêmes, selon l’angle du soleil, viennent par endroit se mélanger pour en créer d’autres.

Dispositif n° 8

Dispositif n° 8 A
À l’intérieur de cet agrégat de cellules circulaires viennent s’incruster et se construire trois éléments différents, aux fonctions particulières. L’agencement fonctionnel de ces trois lieux est confié à Patrick Bouchain et Loïc Julienne.
Près de l’entrée Nord, une seule cellule est utilisée pour installer un comptoir d’accueil pour renseigner les visiteurs.

Dispositif n° 8 B
Un peu plus loin, en s’avançant dans la partie Ouest de la nef, en utilisant cette fois-ci dix-neuf cellules différentes, est installée un café-restaurant pouvant recevoir environ cent personnes assises.

Dispositif n° 8 C
Près de la sortie (qui se trouve porte Sud), une série de cinq cellules contiguës forment la librairie.
Ces trois dispositifs sont traités en bois et contre-plaqué pour l’essentiel, entièrement peints en blanc, avec, pour les nocturnes, un éclairage spécifique constitué de LED.
La couleur blanche des parois sera transformée constamment par la couleur des cercles qui en forment le plafond-toit selon l’inclinaison de la terre vis-à-vis du soleil, les nuages, les heures du jour, etc.

Dispositif n° 9
Des bancs circulaires, en bois et peints en blanc, sont disposés tout au long du parcours, à la disposition des visiteurs.

Dispositif n° 10
La nuit, est utilisé un éclairage électrique, placé autour de la coupole centrale, à 35 mètres au-dessus du sol.
Sur cette passerelle technique est disposée une batterie de projecteurs contrôlés par ordinateur et qui se meuvent de haut en bas et de droite à gauche, indépendamment les uns des autres. Leur fonction est d’éclairer, petit à petit et par vagues, l’ensemble de tous ces dispositifs.

Dispositif n° 11
Le son, partie importante de l’ensemble, est constitué d’une série de lectures d’un seul et même texte regroupant les chiffres sur lesquels est basée la construction du dispositif principal, les premières lettres, par ordre alphabétique, des quatre couleurs utilisées augmentées du blanc et du noir, puis les noms désignant ces couleurs.
Ces lectures ont été faites par 37 personnes et ce dans 37 langues différentes du monde.
Ce matériau sonore a été mixé par Alexandre Meyer, accompagnant cet ensemble de paroles par une sonorisation originale. L’ensemble, d’une durée de plus de deux heures, est diffusé en boucle pendant toute la durée de l’exposition.
La diffusion de cette bande sonore est effectuée au moyen d’une série de haut-parleurs très directionnels et mobiles sur un axe, programmés par ordinateur de telle sorte que les visiteurs passent par des flux sonores, qui se déplacent, partent, reviennent, puis reprennent quelque temps plus tard, de langue en langue, de plages sonores en plages sonores.

Daniel Buren
Paris, le 5 mars 2012