Le jour, la nuit

Marc Sanchez : La lumière joue un rôle très important dans ce projet et la nef du Grand Palais y est particulièrement sensible : un simple nuage passant devant le soleil transforme radicalement la lumière. De plus, l’exposition étant ouverte jusqu’à minuit, elle se déroule également de nuit, ce qui demandera un éclairage électrique. Comment avez-vous traité ces points particuliers ?

Daniel Buren : Je pense que mon travail prendra toute son ampleur avec le soleil. Sans le soleil il sera non seulement différent mais aussi amputé de l’une de ses raisons d’être. C’est l’un des risques inhérents à ce genre de démarche. Comme souvent dans mes travaux, l’œuvre dépend non seulement du lieu, mais aussi du climat, de la lumière, du soleil, des nuages, de la pluie, etc. C’est l’ensemble de ces manifestations atmosphériques qui marque l’œuvre et c’est la comparaison des effets, les uns par rapport aux autres, qui, finalement, fait l’œuvre ; même si chacun peut préférer un état à un autre. Nous devrions avoir, pendant la période de l’exposition, qui s’étend du début du mois de mai à la fin du mois de juin, quelques très belles journées offertes sous le ciel de l’Île-de-France !
Ensuite, la nuit, c’est une tout autre histoire car un éclairage électrique, installé sur la couronne qui se trouve à l’intérieur de la coupole de la nef, à plus de trente mètres du sol, viendra balayer l’ensemble, du nord au sud, de l’est à l’ouest, et vice versa.
Il faut dire également qu’à l’heure où nous réalisons cet entretien, si nous connaissons bien les possibilités d’exploitation du dispositif d’éclairage que nous allons utiliser, il me sera indispensable de voir de mes propres yeux ce que cela va nous donner concrètement ; d’autant que tous les réglages des programmes électroniques qui piloteront la lumière ne pourront se faire qu’in situ et donc au dernier moment. Il est donc malheureusement beaucoup trop tôt pour que je puisse vous en dire plus. Toutefois, l’unique chose dont je sois sûr est que l’œuvre nocturne sera très différente de l’œuvre diurne, et que l’éclairage électrique lui ajoutera une tout autre dimension, qui ira bien au-delà d’un simple éclairage de l’œuvre et des espaces.